Publié le 11 mars 2024

En résumé :

  • Le backtesting consiste à simuler une stratégie de trading sur des données historiques pour en évaluer la performance potentielle et la robustesse.
  • Le choix de l’outil (Excel, ProRealTime, Python) dépend de votre niveau technique, de votre budget et de la complexité de votre stratégie.
  • Une analyse de backtest doit aller au-delà du profit brut et inclure des métriques de risque (Max Drawdown), de psychologie (pertes consécutives) et de rentabilité nette après fiscalité française.
  • Les biais (survivant, optimisation excessive) peuvent rendre un backtest trompeur. Il est crucial de les identifier et de les corriger pour obtenir un résultat réaliste.
  • Le backtesting n’est que la première étape ; il doit être complété par du paper trading (simulation en temps réel) avant tout engagement de capital.

L’idée semble brillante. Une intuition fulgurante, une nouvelle configuration graphique repérée, une conviction forte sur un secteur… et l’envie irrépressible de l’appliquer immédiatement sur les marchés. Pour beaucoup d’investisseurs, c’est ainsi que commence l’aventure, souvent suivie d’une douche froide. L’intuition, en trading, est une boussole aussi séduisante que peu fiable. On pense souvent qu’il suffit « d’acheter au plus bas et de vendre au plus haut », en s’appuyant sur quelques indicateurs populaires. Pourtant, la réalité des marchés est une machine complexe et souvent contre-intuitive.

Alors, comment séparer une stratégie statistiquement viable d’une simple illusion ? La réponse tient en un mot : le backtesting. Imaginez un pilote de ligne s’apprêtant à faire voler un nouvel avion. S’élancerait-il directement sur le tarmac pour un vol transatlantique ? Jamais. Il passerait des centaines d’heures en simulateur, testant l’appareil dans toutes les conditions possibles : tempête, panne moteur, brouillard. Le backtesting est précisément cette simulation de vol pour l’investisseur. Il s’agit d’appliquer votre stratégie à des données passées pour voir comment elle aurait performé, combien elle aurait rapporté, et surtout, combien elle vous aurait fait perdre au pire moment.

Mais si la véritable clé n’était pas simplement de tester, mais de tester de manière ultra-réaliste ? L’erreur commune est de réaliser des backtests dans un vide théorique, en ignorant les « frictions » du monde réel. Cet article adopte un angle différent : celui du crash-test rigoureux. Nous n’allons pas seulement voir comment lancer une simulation, mais comment la rendre la plus fidèle possible à la réalité du marché français. Cela implique d’intégrer des éléments souvent oubliés qui peuvent transformer une stratégie gagnante sur le papier en un désastre financier : la fiscalité, les frais de transaction spécifiques, et les biais psychologiques.

Ce guide vous fournira une méthodologie complète, de la sélection de l’outil adapté à votre profil jusqu’à l’analyse critique des résultats. Vous apprendrez à débusquer les biais qui embellissent artificiellement la performance et à calculer l’espérance de gain réelle de votre système, celle qui compte vraiment : la performance nette, dans votre poche, après l’intervention de l’administration fiscale. C’est un processus exigeant, mais c’est le seul chemin pour passer de l’investisseur intuitif au trader systématique.

Pour naviguer efficacement à travers cette démarche scientifique, cet article est structuré pour vous guider pas à pas. Vous découvrirez pourquoi le backtesting est un prérequis non négociable, quels outils utiliser, comment interpréter les résultats au-delà des simples profits, et comment éviter les pièges qui faussent 90% des simulations amateurs.

Pourquoi vous ne devriez jamais appliquer une stratégie d’investissement sans l’avoir « backtestée »

Lancer une stratégie d’investissement sans backtesting, c’est comme traverser un champ de mines en se fiant à son instinct. Le résultat est laissé au hasard. L’objectif fondamental du backtesting est de substituer la rigueur statistique à l’émotion et à l’intuition. Il s’agit de répondre à une question simple mais cruciale : si j’avais appliqué cette série de règles d’achat et de vente de manière disciplinée au cours des 5, 10 ou 20 dernières années, quel aurait été le résultat ? Cette démarche ne prédit pas l’avenir, mais elle révèle l’ADN de votre stratégie : sa rentabilité historique, sa volatilité, et surtout sa capacité à survivre à des crises majeures comme celles de 2008 ou 2020.

Cependant, un backtest naïf peut être pire qu’une absence de test. Pour un investisseur en France, ignorer la fiscalité et les frais spécifiques revient à planifier un voyage en ne comptant que le prix du billet d’avion, sans l’hôtel, la nourriture ou les taxes. La réalité du trading en France inclut une friction fiscale non négligeable. Par exemple, les plus-values mobilières sont soumises par défaut au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30% depuis 2018. Omettre ce coût dans une simulation de stratégie à court terme sur un Compte-Titres Ordinaire (CTO) fausse radicalement le résultat final.

De même, l’enveloppe fiscale choisie modifie profondément la performance nette. Une stratégie de type « Dollar Cost Averaging » (DCA) sur un ETF mondial aura une performance nette très différente si elle est logée dans un Plan d’Épargne en Actions (PEA). Selon les informations de l’UFC-Que Choisir, le PEA permet une exonération d’impôt sur le revenu après 5 ans, bien que les prélèvements sociaux de 17,2% restent dus. Un backtest rigoureux doit donc simuler ces scénarios distincts. Backtester, ce n’est donc pas seulement valider une idée, c’est construire une projection réaliste de sa performance dans un cadre réglementaire et fiscal précis.

Excel, ProRealTime, Python : quel outil pour backtester vos stratégies de trading ?

Une fois la nécessité du backtesting établie, la question de l’outil devient centrale. Il n’existe pas de « meilleur » outil dans l’absolu, mais un outil plus ou moins adapté à votre niveau de compétence, au temps que vous pouvez y consacrer, et à la complexité de la stratégie que vous souhaitez tester. Le choix se résume souvent à un arbitrage entre la simplicité d’utilisation et la puissance de personnalisation. Pour l’investisseur français, il est crucial de choisir un outil capable d’intégrer les spécificités locales comme les données Euronext ou la fiscalité.

Trois grandes familles d’outils se distinguent :

  • Excel / Google Sheets : La porte d’entrée. Idéal pour les débutants et les stratégies simples basées sur des données journalières ou hebdomadaires (ex : suivi d’un portefeuille PEA, stratégies de type « buy and hold »). Sa force réside dans sa flexibilité pour intégrer manuellement des calculs fiscaux personnalisés. Sa principale faiblesse est l’absence de données en temps réel et la difficulté à gérer de grands volumes de données historiques (tick-by-tick).
  • Plateformes de trading avec backtesting intégré : C’est le compromis parfait pour les traders intermédiaires. Des plateformes comme ProRealTime, souvent incluses chez des courtiers partenaires en France, offrent un accès direct aux données historiques Euronext et des modules de backtesting automatisés (ProBacktest). Elles permettent de tester rapidement des idées sans écrire une seule ligne de code. La limite peut être la profondeur des données historiques ou certaines contraintes techniques.
  • Python : L’arsenal du trader quantitatif. Gratuit (hors coût des données), Python offre une personnalisation infinie grâce à des bibliothèques spécialisées comme `pandas`, `numpy` et `backtrader`. C’est le seul outil qui permet de construire des backtests sur-mesure, d’intégrer des sources de données multiples, de gérer finement les biais et de réaliser des simulations complexes comme les tests de Monte-Carlo. Son coût d’entrée est cependant élevé : il nécessite de solides compétences en programmation.
Trois environnements de travail distincts représentant les outils de backtesting

Le tableau suivant résume les caractéristiques clés de chaque outil pour vous aider à faire un choix éclairé en fonction de votre profil.

Comparaison des outils de backtesting pour le marché français
Outil Niveau requis Coût Avantages pour le marché français Limites
Excel Débutant Gratuit/Faible Idéal pour PEA, calculs fiscaux simples Pas de données temps réel
ProRealTime Intermédiaire Inclus chez certains courtiers Données Euronext intégrées, optimisation automatique Tick-by-tick limité à 1M ticks
Python Expert Gratuit (hors données) Personnalisation totale, backtests Monte-Carlo Nécessite compétences coding

Comment analyser les résultats d’un backtest ? Les métriques qui comptent

Un backtest génère une montagne de données. Le piège est de se focaliser uniquement sur le chiffre le plus flatteur : le profit total. Or, un backtest réussi n’est pas celui qui affiche le gain le plus élevé, mais celui qui démontre une performance robuste et psychologiquement tenable. Pour cela, il faut analyser une série de métriques qui, ensemble, dressent le portrait-robot de votre stratégie. Ces indicateurs permettent de quantifier non seulement la rentabilité, mais aussi le risque, la stabilité et le confort d’application.

Au-delà du bénéfice net, voici les métriques essentielles à scruter :

  • Max Drawdown (Perte Maximale) : C’est la métrique reine du risque. Elle représente la perte maximale, en pourcentage, subie par le portefeuille depuis un pic jusqu’à un creux. Un Max Drawdown de 50% signifie qu’à un moment donné, votre capital a été divisé par deux. Êtes-vous psychologiquement prêt à endurer une telle perte sans abandonner la stratégie ?
  • Séquence des Pertes (Consecutive Losses) : Combien de trades perdants votre stratégie a-t-elle enchaînés au maximum ? Comme le souligne une analyse de NewTrading, une stratégie peut être globalement gagnante mais comporter une série de 10 pertes d’affilée. Peu d’investisseurs ont la discipline nécessaire pour continuer à appliquer les règles dans un tel scénario.
  • Ratio de Sharpe : Il mesure le rendement obtenu par unité de risque pris (généralement la volatilité). Un ratio de Sharpe élevé (supérieur à 1) indique que la stratégie génère une bonne performance pour le niveau de risque qu’elle implique. Il doit être calculé sur les rendements nets, après fiscalité.
  • Facteur de Profit (Profit Factor) : C’est le ratio des gains bruts sur les pertes brutes. Un facteur de profit de 2 signifie que pour chaque euro perdu, la stratégie en a gagné deux. Un chiffre supérieur à 1,5 est souvent considéré comme un bon début.

Une stratégie avec 70% de réussite mais qui peut enchaîner 10 pertes d’affilée est psychologiquement intenable pour la plupart des investisseurs particuliers.

– Analyse NewTrading, Guide Backtesting Trading 2023

L’analyse ne s’arrête pas là. Il est impératif de vérifier la stabilité de ces métriques sur différentes périodes. Une stratégie qui ne fonctionne que dans un marché haussier est fragile. Votre backtest doit couvrir plusieurs régimes de marché (crise de 2008, krach COVID de 2020, marché baissier de 2022) pour tester sa résilience. Enfin, comparez toujours votre performance nette à une stratégie passive simple, comme un « buy & hold » sur un ETF MSCI World. Si votre stratégie complexe et chronophage ne surperforme pas significativement cette approche simple, sa valeur ajoutée est discutable.

Votre checklist d’analyse : les points clés à vérifier

  1. Calculer le Max Drawdown en pourcentage ET en valeur absolue selon le patrimoine.
  2. Analyser la Séquence des Pertes (consecutive losses) maximale historique.
  3. Mesurer le Ratio de Sharpe ajusté à la fiscalité française.
  4. Vérifier la stabilité de la stratégie sur différents régimes de marché (2008, 2020, 2022).
  5. Comparer la performance nette avec un simple buy & hold sur un ETF World.

Les 3 biais qui rendent vos backtests trompeurs (et comment les éviter)

Un backtest aux résultats spectaculaires peut être le signe d’une stratégie brillante, ou plus souvent, le symptôme d’un ou plusieurs biais qui l’ont contaminé. Ces « virus » statistiques créent une image déformée et trop optimiste de la réalité. Les identifier et les neutraliser est une étape non négociable pour garantir la fiabilité de vos résultats. Sans cette hygiène intellectuelle, votre « simulation de vol » se déroule dans un ciel sans nuages ni turbulences, une situation qui n’existe pas dans le monde réel.

Voici les trois biais les plus courants et les plus dangereux :

  1. Le Biais du Survivant (Survivorship Bias) : C’est le piège le plus classique. Il consiste à ne tester sa stratégie que sur les actifs qui « survivent » aujourd’hui, en oubliant ceux qui ont fait faillite, ont été rachetés ou sont sortis de l’indice. Un backtest sur les actions actuelles du CAC 40, par exemple, ignore les entreprises disparues comme Alcatel-Lucent ou Lafarge. Selon certaines analyses, cela peut surévaluer la performance de 1 à 3% par an.

    Étude de cas : le biais du survivant sur le CAC 40

    Un backtest effectué sur la composition actuelle du CAC 40 pour la période 2000-2020 exclurait mécaniquement les entreprises qui ont sous-performé au point d’être éjectées de l’indice. Des sociétés comme Vivendi Environnement ou Alcatel-Lucent, qui ont connu des chutes vertigineuses, ne seraient pas dans les données. Le résultat du backtest serait donc artificiellement gonflé. Une analyse des données historiques complètes montre que jusqu’à 30% des composants passés peuvent manquer, créant un biais d’optimisme significatif. La solution est d’utiliser des bases de données professionnelles qui incluent les entreprises « décédées » (delisted) pour un test réaliste.

  2. Le Biais d’Optimisation Excessive (Overfitting) : Ce biais consiste à tordre les paramètres de sa stratégie pour qu’elle colle parfaitement aux données passées. Par exemple, en testant des milliers de combinaisons de moyennes mobiles jusqu’à trouver celle qui donne le meilleur résultat sur la période 2015-2020. La stratégie n’est plus une règle logique, mais une simple « recette » mémorisée qui a de fortes chances d’échouer sur des données futures. Pour l’éviter, il faut garder des règles simples et les tester sur une période « hors échantillon » (out-of-sample) que la stratégie n’a jamais « vue ».
  3. Le Biais d’Omission des Coûts Réels : Un backtest doit être un compte d’exploitation, pas un rêve. Omettre les coûts de transaction (frais de courtage), le slippage (différence entre le prix attendu et le prix exécuté) et surtout, les taxes spécifiques, est une erreur fatale. En France, pour les stratégies à haute fréquence sur les grandes capitalisations, oublier la Taxe sur les Transactions Financières (TTF) de 0,3% peut suffire à anéantir la rentabilité d’un système qui semblait profitable.

Le « paper trading » : la dernière étape pour valider votre stratégie face au marché réel

Avoir un backtest robuste, nettoyé de ses principaux biais, est une étape fondamentale. Cependant, il reste une simulation basée sur le passé. Comment s’assurer que la stratégie n’est pas simplement une chimère statistique qui s’effondrera au premier contact avec les données futures ? La réponse se trouve dans une phase de transition cruciale : le paper trading (ou trading sur papier) et son cousin, le forward testing. Cette étape consiste à appliquer votre stratégie en temps réel, mais avec un capital fictif.

Le paper trading est bien plus qu’une simple vérification mathématique. C’est le test ultime pour deux aspects que le backtesting ne peut pas simuler parfaitement :

  1. La confrontation au futur inconnu : Le forward testing est une forme de paper trading où vous appliquez votre stratégie sur des données de marché nouvelles, au fur et à mesure qu’elles se forment. C’est l’antidote parfait au biais d’optimisation excessive (overfitting). Si votre stratégie, si performante sur les données passées, commence à sous-performer sur plusieurs semaines ou mois de forward testing, c’est un signal d’alarme majeur indiquant qu’elle n’est probablement pas robuste.
  2. Le test de votre propre psychologie : C’est l’aspect le plus sous-estimé. Exécuter une stratégie en temps réel, même avec de l’argent fictif, vous confronte à vos propres émotions. Serez-vous capable de prendre le signal d’achat après trois pertes consécutives ? Respecterez-vous votre stop-loss sans hésiter quand le marché semble vouloir se retourner ? Le paper trading révèle si vous êtes capable, vous, l’opérateur humain, d’exécuter la stratégie avec la discipline d’une machine, comme l’exige le plan.

Une étude citée par Avatrade souligne l’importance critique de cette phase de validation. Elle révèle qu’environ 60% des stratégies qui réussissent brillamment en backtest échouent lors du forward testing. Ce chiffre montre que le backtest est une condition nécessaire, mais absolument pas suffisante. Il filtre les mauvaises idées, mais seul le test face à l’incertitude du marché réel permet de valider les bonnes. Une période de paper trading de 3 à 6 mois est souvent recommandée avant d’envisager d’engager le moindre euro réel.

Les plateformes de trading avec backtesting intégré pour faire vos premiers pas

Pour les investisseurs et traders qui ne souhaitent pas se lancer dans la complexité de la programmation avec Python, les plateformes de trading « tout-en-un » représentent la solution la plus accessible. Elles offrent l’avantage considérable de regrouper en un seul endroit les données historiques, les outils graphiques, les modules de backtesting et les comptes de démonstration pour le paper trading. C’est un écosystème cohérent qui facilite grandement le passage de l’idée à la simulation, puis au test en conditions réelles.

Espace de travail minimaliste avec graphiques abstraits projetés sur mur

En France, plusieurs plateformes sont particulièrement populaires pour leurs fonctionnalités de backtesting. Parmi elles, ProRealTime se démarque comme un standard de l’industrie, souvent plébiscité par les traders actifs. La force de cet outil réside dans son intégration poussée avec le marché européen et français. Il est fréquemment proposé gratuitement ou à coût réduit par des courtiers partenaires comme IG ou Interactive Brokers, rendant ses fonctionnalités avancées accessibles à un large public.

La plateforme inclut notamment le module ProBacktest, qui permet de tester une stratégie sur des décennies de données historiques Euronext sans écrire de code. L’un de ses points forts est la capacité à optimiser automatiquement les variables d’une stratégie (par exemple, tester différentes longueurs de moyennes mobiles) pour trouver les paramètres les plus robustes. Pour une précision accrue, surtout sur les stratégies de court terme, l’outil propose même un backtest en mode « tick-by-tick », qui simule les transactions sur la base de chaque fluctuation de prix enregistrée.

Étude de cas : ProRealTime, le standard français pour le backtesting

ProRealTime, souvent accessible via des courtiers comme IG, est une solution de choix pour les traders français. Sa plateforme permet d’utiliser ProBacktest pour évaluer des stratégies sur les données historiques d’Euronext. Une fonctionnalité clé est l’optimisation automatique des variables, qui aide à affiner la stratégie. Pour les day traders, le backtest en tick-by-tick (limité à 1 million de ticks) offre une simulation très précise des points d’entrée et de sortie, ce qui est essentiel pour valider la viabilité de stratégies à très court terme.

D’autres plateformes comme TradingView offrent également des fonctionnalités de backtesting conviviales, bien que parfois moins poussées sur la gestion des biais. Le choix dépendra de l’équilibre recherché entre la simplicité, la puissance et l’accès à des données de qualité pour le marché qui vous intéresse. Ces outils sont excellents pour faire ses premiers pas et pour valider rapidement la logique d’une idée avant, éventuellement, de passer à des tests plus approfondis sur Python.

Votre trading est-il statistiquement gagnant ? Le calcul de l’espérance de gain

Après avoir analysé les métriques de risque et de performance, le jugement final sur la viabilité d’une stratégie repose sur un concept mathématique simple mais puissant : l’espérance de gain. C’est la somme que vous pouvez espérer gagner (ou perdre) en moyenne sur chaque trade, sur le long terme. Si ce chiffre est positif après prise en compte de tous les coûts et impôts, votre stratégie a un « edge » statistique. S’il est négatif, vous êtes mathématiquement assuré de perdre de l’argent sur la durée, même avec quelques trades gagnants spectaculaires.

La formule de base de l’espérance de gain est : `(Gain Moyen × Pourcentage de Trades Gagnants) – (Perte Moyenne × Pourcentage de Trades Perdants)`. Cependant, pour un investisseur français, cette formule est dangereusement incomplète. Elle ignore la friction fiscale. La véritable formule, celle qui détermine votre rentabilité nette réelle, doit impérativement intégrer la fiscalité. Pour un trading sur CTO soumis à la flat tax, la formule qui intègre la flat tax de 30% pour calculer la vraie rentabilité devient : `(Gain Moyen × %Gains × 0.7) – (Perte Moyenne × %Pertes) – Frais/Trade`.

Cette distinction est fondamentale. Une stratégie peut avoir une espérance brute positive, mais basculer dans le négatif une fois l’impôt de 30% appliqué sur chaque gain. C’est souvent le cas des stratégies de scalping ou de day trading avec un gain moyen par trade très faible. Le tableau suivant illustre comment la fiscalité et la nature de la stratégie influencent radicalement l’espérance nette annuelle.

Swing trading CTO vs Buy & Hold PEA : comparaison d’espérance
Stratégie Espérance brute/trade Fiscalité Nombre trades/an Espérance nette annuelle
Swing Trading CTO +2% 30% flat tax 50 +70%
Buy & Hold PEA +8%/an 0% IR après 5 ans 1 +8% (net après 5 ans)
Day Trading CTO +0.5% 30% + TTF 0.3% 200 +40% (avant frais)

Ce calcul est l’aboutissement de tout le processus de backtesting. Il synthétise en un seul chiffre la performance, le risque et l’impact du cadre fiscal. Une espérance de gain nette et positive est le feu vert statistique que tout trader systématique recherche avant de risquer son capital. C’est la preuve que sa méthode n’est pas un jeu de hasard, mais une approche avec une probabilité de succès en sa faveur.

À retenir

  • La fiscalité n’est pas un détail : Un backtest qui ignore la flat tax de 30% ou la TTF de 0,3% n’est pas une simulation, c’est une fiction. La rentabilité nette est la seule qui compte.
  • Les biais sont partout : Le biais du survivant et l’optimisation excessive sont les ennemis silencieux de la performance. Un processus de validation « out-of-sample » et des données complètes sont essentiels.
  • Le backtest est un filtre, pas une garantie : Un bon backtest élimine les mauvaises stratégies, mais seul le paper trading (forward testing) face au marché réel peut confirmer la robustesse d’une bonne stratégie.

Les outils de backtesting : l’arsenal du trader quantitatif pour tester ses idées

Vous avez maintenant compris les principes, les métriques et les pièges du backtesting. Le véritable enjeu est d’intégrer ces connaissances dans un processus méthodique et reproductible. Le trading systématique n’est pas une série d’actions isolées, mais un workflow en entonnoir qui fait passer une simple idée par une série de filtres de plus en plus stricts, jusqu’à ne conserver que les stratégies les plus robustes. Chaque étape a un coût en temps et en complexité, il est donc logique de commencer par les tests les plus rapides pour éliminer le maximum d’idées non viables au moindre coût.

Ce processus permet de s’assurer qu’au moment de déployer du capital réel, la stratégie a survécu non seulement à une analyse statistique rigoureuse, mais aussi à une confrontation avec l’incertitude du futur et avec votre propre psychologie. C’est la différence fondamentale entre parier sur une intuition et investir avec un avantage statistique prouvé. Ce n’est qu’en suivant une telle démarche que l’on peut espérer obtenir des résultats réguliers et durables sur les marchés financiers, en traitant le trading non pas comme un art, mais comme une science appliquée.

Votre plan d’action : le workflow de validation en 7 étapes

  1. Idée initiale : Définir la stratégie et ses règles d’entrée, de sortie et de gestion du risque de manière précise et non ambiguë.
  2. Backtest rapide : Utiliser Excel ou TradingView pour une première validation de concept sur quelques années de données (1 à 2 jours de travail).
  3. Backtest robuste : Programmer le test sur Python (ou un outil avancé) en intégrant la gestion des biais, les frais réels et la fiscalité, sur des données de haute qualité (1 semaine).
  4. Tests de Monte-Carlo : Simuler des milliers de variations de chemins de marché pour évaluer la robustesse de la stratégie face à des scénarios extrêmes.
  5. Forward Testing : Appliquer la stratégie sur des données futures « invisibles » pour contrer le biais d’optimisation (1 mois minimum).
  6. Paper Trading : Simuler l’exécution en temps réel dans un compte de démonstration pour tester sa propre discipline et sa psychologie (3 mois minimum).
  7. Déploiement réel : Commencer avec une taille de position réduite pour valider le processus avec un risque limité, avant d’augmenter progressivement.

Maintenant que vous disposez de cet arsenal méthodologique, il est crucial de ne jamais perdre de vue les raisons fondamentales pour lesquelles ce processus rigoureux est non négociable.

L’étape suivante consiste à appliquer cette méthodologie rigoureuse à votre propre idée de stratégie, en commençant par le premier point du plan d’action : sa formalisation écrite précise. C’est le point de départ de tout trader systématique qui aspire à la rentabilité sur le long terme.

Rédigé par Alexandre Petit, Alexandre Petit est un analyste quantitatif qui a passé 8 ans à développer des stratégies de trading algorithmique pour des fonds d'investissement. Il se spécialise aujourd'hui dans la vulgarisation des approches systématiques pour les investisseurs individuels et les trésoriers d'entreprise.