Investissement & Patrimoine

Gérer et développer une entreprise, c’est un peu comme piloter un navire en haute mer. Il faut non seulement fixer le cap (la stratégie), mais aussi s’assurer d’avoir assez de carburant (le financement) et savoir quoi faire des ressources accumulées pendant le voyage (la gestion de patrimoine). L’investissement et la gestion de patrimoine ne sont pas des sujets réservés aux grandes multinationales ou aux spécialistes de la finance. Ils sont au cœur de la pérennité et de la croissance de toute entreprise, quelle que soit sa taille.

Comprendre ces mécanismes est essentiel pour prendre des décisions éclairées, que ce soit pour financer une nouvelle phase de croissance, optimiser votre trésorerie ou encore valoriser le fruit de votre travail. Cet article a pour but de démystifier ces concepts fondamentaux et de vous donner une vision claire des leviers à votre disposition pour maîtriser le destin financier de votre entreprise.

Comment financer la croissance de votre entreprise ?

Toute entreprise en développement se heurte un jour à une question fondamentale : où trouver les ressources nécessaires pour grandir ? Deux grandes voies s’offrent alors à elle, avec des implications radicalement différentes : la dette et les fonds propres.

Imaginez que votre entreprise est votre maison. Pour financer des travaux d’agrandissement, vous pourriez soit contracter un prêt à la banque (la dette), soit vendre une partie de votre maison à un voisin (les fonds propres). Dans le premier cas, vous restez l’unique propriétaire mais vous devez rembourser un créancier. Dans le second, vous partagez la propriété, les décisions et les futurs gains potentiels.

La voie de l’endettement : l’indépendance maîtrisée

Le financement par la dette, souvent via un prêt bancaire, permet de conserver 100% du contrôle de votre entreprise. Vous empruntez une somme, que vous remboursez avec intérêts selon un échéancier défini. C’est une solution structurée qui préserve votre indépendance.

  • Avantages : Conservation du pouvoir, coût du financement (les intérêts) souvent déductible fiscalement.
  • Inconvénients : Obligation de remboursement même en cas de difficultés, nécessité de fournir des garanties.

L’ouverture du capital : partager pour accélérer

La levée de fonds consiste à accueillir de nouveaux investisseurs (business angels, fonds de capital-risque) au capital de votre société. En échange de leur apport financier, ils reçoivent des parts de l’entreprise. C’est le chemin privilégié des startups en hypercroissance.

Ce processus se déroule en plusieurs étapes, appelées tours de table (amorçage, série A, B, C…), chacun correspondant à un stade de maturité de l’entreprise. L’enjeu majeur devient alors la « valorisation » : combien vaut votre entreprise ? C’est sur cette base que sera déterminé le prix des parts cédées aux investisseurs.

  • Avantages : Apport de fonds importants sans obligation de remboursement, accès au réseau et à l’expertise des investisseurs.
  • Inconvénients : Dilution de votre participation, perte d’une partie du pouvoir de décision, partage des bénéfices futurs.

Le choix entre ces deux mondes dépend de votre ambition, de votre secteur et de votre culture d’entreprise. C’est une décision stratégique qui façonne l’avenir de votre patrimoine professionnel.

Pourquoi et comment investir la trésorerie de votre entreprise ?

Une fois l’activité lancée et rentable, une entreprise peut générer un excédent de trésorerie. Laisser cet argent « dormir » sur un compte courant est une erreur, car il perd de sa valeur avec le temps à cause de l’inflation. Il est donc crucial de mettre cette trésorerie au travail en l’investissant.

Placer sa trésorerie : un levier de rentabilité

Investir l’excédent de trésorerie poursuit plusieurs objectifs :

  1. Générer des revenus complémentaires : Les placements peuvent produire des intérêts ou des plus-values qui améliorent la rentabilité globale de l’entreprise.
  2. Financer des projets futurs : Une trésorerie bien gérée peut constituer un apport pour des investissements stratégiques à venir.
  3. Se couvrir contre des risques : Les marchés financiers permettent de se protéger contre les fluctuations des devises ou des matières premières qui impactent vos coûts.

Pour cela, une entreprise doit ouvrir un compte-titres pour personne morale, un compte spécifique qui donne accès à une large gamme de produits financiers (actions, obligations, fonds d’investissement…).

Investissement à long terme vs. trading à court terme

Il est fondamental de distinguer deux approches des marchés financiers :

  • L’investissement : C’est une démarche à long terme, basée sur l’analyse fondamentale de la santé économique des entreprises ou des États dans lesquels on place son argent. L’objectif est de capter la croissance sur plusieurs années.
  • Le trading : C’est une activité à court terme, qui vise à profiter des fluctuations rapides des cours. Cette approche est plus spéculative et demande une attention constante.

Pour une entreprise dont ce n’est pas le cœur de métier, une stratégie d’investissement diversifiée et à long terme est généralement la plus prudente et la plus adaptée à la gestion de sa trésorerie.

Comment passer à l’action sur les marchés financiers ?

Investir sur les marchés financiers nécessite de s’équiper des bons outils et de comprendre les mécanismes de base. Il ne s’agit pas d’un univers réservé aux experts, mais une démarche qui demande rigueur et méthode.

Choisir la bonne plateforme de courtage

Le courtier est l’intermédiaire obligatoire pour acheter et vendre des titres sur les marchés. Pour une entreprise, le choix doit se porter sur des plateformes adaptées aux personnes morales. Plusieurs critères sont à évaluer :

  • La sécurité : La plateforme doit être régulée par des autorités financières reconnues.
  • Les frais : Comparez les frais de courtage, les droits de garde et les éventuels frais annexes.
  • Les outils disponibles : La plateforme doit offrir des fonctionnalités de reporting claires, une gestion des accès pour plusieurs collaborateurs et différents types d’ordres.
  • L’accès aux marchés : Vérifiez que le courtier donne accès aux places boursières et aux produits financiers qui vous intéressent.

Maîtriser les ordres de bourse pour bien exécuter sa stratégie

Passer un ordre est l’acte concret d’acheter ou de vendre un titre. En comprendre les nuances est essentiel pour s’assurer que vos intentions sont exécutées au meilleur prix possible. Les trois types d’ordres principaux sont :

  • L’ordre « au marché » : Il est exécuté immédiatement, au meilleur prix disponible à l’instant T. Il privilégie la rapidité d’exécution à la maîtrise du prix.
  • L’ordre « à cours limité » : Vous fixez un prix maximum pour un achat ou un prix minimum pour une vente. L’ordre ne sera exécuté que si ce prix est atteint. Il privilégie la maîtrise du prix à la certitude d’exécution.
  • L’ordre « à seuil de déclenchement » (ou « stop ») : Il se déclenche automatiquement lorsque le cours atteint un certain seuil, devenant alors un ordre au marché. Il est souvent utilisé pour protéger une position contre une perte (stop loss) ou sécuriser un gain (take profit).

Comment développer et valider une stratégie d’investissement ?

Investir sans stratégie, c’est naviguer à vue. Pour construire un portefeuille solide, il faut définir une politique d’investissement claire et tester sa pertinence avant d’engager des capitaux importants.

Définir son allocation d’actifs

Le concept le plus important en gestion de portefeuille est l’allocation d’actifs. Il s’agit de la manière dont vous répartissez votre capital entre les grandes classes d’actifs (actions, obligations, immobilier, etc.). Les études montrent que cette répartition est responsable de plus de 90% de la performance d’un portefeuille, bien plus que le choix des titres individuels.

Votre allocation doit dépendre de trois facteurs :

  1. Vos objectifs : Cherchez-vous la préservation du capital ou une croissance dynamique ?
  2. Votre horizon de temps : Pouvez-vous immobiliser ces fonds pour 1 an, 5 ans, 10 ans ?
  3. Votre profil de risque : Quel niveau de fluctuation de votre capital êtes-vous prêt à accepter ?

Tester ses stratégies avec le backtesting

Avant d’appliquer une stratégie en conditions réelles, il est indispensable de la tester sur des données passées. C’est ce qu’on appelle le backtesting. L’idée est simple : simuler comment votre stratégie se serait comportée historiquement pour évaluer sa viabilité.

Le backtesting permet de répondre à des questions cruciales : la stratégie est-elle rentable ? Quel a été son niveau de perte maximal (drawdown) ? Est-elle plus performante que son indice de référence ? Des outils, allant du simple tableur à des logiciels spécialisés ou des langages de programmation comme Python, permettent de réaliser ces simulations. Une fois la stratégie validée par le backtest, l’étape suivante est souvent le « paper trading », une simulation en temps réel avec un portefeuille fictif, avant de passer à l’investissement réel.

En conclusion, l’investissement et la gestion de patrimoine sont des disciplines qui permettent de passer d’une gestion subie à une stratégie financière proactive. En maîtrisant les leviers de financement, en optimisant la gestion de votre trésorerie et en développant des stratégies d’investissement rigoureuses, vous donnez à votre entreprise les moyens de sa croissance et vous construisez une valeur durable pour l’avenir.

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